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D’où viennent nos différences de perception des autres et de l’environnement?

Le 1 août 2023

Dans mon métier, nous parlons beaucoup de la manière dont chacun.e perçoit les choses. Il n’y a qu’un.e vous, vous êtes unique au monde. Ce qui est merveilleux, car cela permet d’identifier ses singularités et de prendre conscience de ce que l’on peut apporter au monde. Et puis, qu’est-ce qu’on s’ennuierait si tout le monde était pareil!

Evidemment, cela apporte la difficulté que par conséquent, nous sommes tous différents… avec son lot de malentendus, incompréhensions, etc.

Nous sommes tous différents. Parce que nous sommes la combinaison de gènes construits à ce moment-là, qui aboutissent à ce bébé qui naît à cet instant-là, dans cette famille où les parents sont à ce stade-là de leur vie. Ce bébé va vivre jour après jour de plus en plus d’expériences et d’autant plus qu’il.elle s’autonomise de ses parents (ou autres adultes référents) au fur et à mesure des années qui passent.

C’est d’ailleurs fascinant de voir la façon dont des jumeaux.jumelles monozygotes peuvent se différencier, non seulement au niveau pensées et comportements, mais aussi corporel et vocal, au fil des années qui passent, littéralement façonné.e.s par leur rencontres, leurs échanges, leurs apprentissages, leurs expériences de vie physiques et psychiques.

Carl Gustav Jung* a beaucoup abordé dans ses ouvrages la notion de perception – qui est d’ailleurs une des 3 paires de préférences psychologiques qu’il a identifiées – en identifiant deux fonctions au sein de la préférence ‘perception’ : intuition et sensation. En gros, la perception est la façon dont nous allons capter l’information dans notre environnement dans une situation donnée. La fonction Intuition va capter les choses de manière globale conceptuelle, abstraite et la fonction Sensation le fera davantage en analysant les détails, en posant son attention sur chaque information apportée par ses différents sens. Chacun.e aura une préférence pour l’un ou l’autre et en même temps accès aux deux. Ces préférences viennent majoritairement, elles aussi, de l’histoire de vie de chacun.e.

Dans l’accompagnement corps & voix que je propose, j’aborde ces préférences lorsque je travaille avec les archétypes. Dans le coaching ‘hors objectif voix’, c’est surtout avec le modèle Insights Discovery®, dont je suis praticienne.

Mais continuons…

Plus tard, Alfred Tomatis** a affirmé combien l’écoute pouvait influer la perception de chacun. Effectivement, si notre audition est bonne, nous entendons tou.te.s les mêmes informations . Mais les écoutons-nous de la même manière? C’est-à-dire, comment notre cerveau va-t-il poser son attention sur cette information qui arrive jusqu’à lui via le circuit merveilleux de l’oreille? Tomatis a étudié cette question (parmi d’autres) toute sa vie et a démontré que notre écoute pouvait, elle aussi, être impactée par nos expériences de vie et par notre langue maternelle, qui vont (en gros) soit ouvrir l’écoute à certaines fréquences sonores (et donc à certaines informations), soit la « fermer » (parfois à l’excès d’ailleurs). Votre façon de poser votre attention sur votre environnement (en tous cas au niveau de l’oreille, mais je suis prête à parier que c’est le cas pour tous les autres sens) va dépendre de vos expériences vécues positivement ou négativement et de votre langue maternelle! Extraordinaire, non?

Plus récemment, Lera Boroditsky*** va encore plus loin en ce qui concerne la langue (et j’ajoute le qualificatif de maternelle). Il y a 7000 langages différents parmi les humains aujourd’hui et donc autant de variations de perceptions en plus! En effet, le langage va littéralement influencer votre cerveau quant à la perception de l’espace, du temps et forcément des autres êtres vivants autour de vous. Par exemple, les anglophones (et sans doute peut-on étendre aux langues dites germaniques) vont davantage porter leur attention sur l’auteur d’un fait et les hispanophones (et je pense qu’on peut étendre aux personnes qui parlent une langue d’origine latine) vont davantage porter leur attention sur le fait.

Personnellement, je trouve cela fascinant. Boroditsky et son équipe confirment ce que Tomatis affirmait déjà au siècle dernier et plus encore! Non seulement notre langue maternelle va influencer notre perception au niveau du cerveau mais aussi la structure du langage va elle aussi influencer la manière dont notre cerveau va percevoir une situation. Par exemple, la forme passive d’une phrase, utilisée plus ou moins souvent selon les langues occidentales, peut influer ces différences de perception. (Et là, la coach que je suis fait un lien avec la communication bienveillante que je promeus dans mes accompagnements ☺️).

Je pourrais encore vous parler de l’approche de F.M. Alexander – que j’ai découvert l’an dernier – et qui met en lumière combien la proprioception (càd la manière dont vous percevez les différentes parties de votre corps ou son ensemble) peut, de la même manière, s’éloigner de la réalité. Mais cela rendrait cet article trop long, je vous réserve donc ceci pour une prochaine fois 😄.

QU’EST-CE QUE CHACUN.E PEUT FAIRE DE TOUT CELA DANS SON QUOTIDIEN?

Je rejoins Lera Boroditsky.  Au quotidien, se poser les questions : « Qu’est-ce qui fait que je pense comme je pense ? » – pour prendre conscience de ce qui influe vos perceptions. « Comment pourrais-je penser différemment ? » – pour ouvrir votre esprit à la différence et entraîner votre cerveau à utiliser des ‘circuits’ moins habituels.

Et aussi, « Quelles pensées est-ce que je souhaite créer ? » – pour réaliser que ça, c’est entre vos mains. Parce que, effectivement, si 50% de notre façon de voir le monde est déterminée de façon génétique et 10% par les évènements extérieurs, 40% ne dépendent que de nous, de nos pensées ! ****

Parallèlement, quand vous écoutez ou lisez quelqu’un.e, soyez curieux de comprendre l’intention derrière, la perception du monde qu’a cette personne – pour prendre conscience des différences, pour apprendre à les observer calmement, pour comprendre que chacun a sa ‘carte du monde’ comme on dit en coaching (pour ne pas limiter à ‘vision’). Et que cette carte n’est pas le territoire, loin de là. D’ailleurs, qui sait à quoi ressemble réellement le territoire? 😉

Belle réflexion à vous et au plaisir!

Sophie

* À lire : « Les types psychologiques »
** À lire : « L’oreille et la voix », « L’oreille et la vie », « L’oreille et le langage »
*** À écouter : sa brillante intervention au TED Talk
**** Source : Formation « Science of Well Being », Université de Yale, Dr Laurie Santos

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